samedi 26 février 2011

Toi, moi, les autres

Toi, moi, les autres...


NOTE : 2/5

Sortie : 23 Février 2011
Genre : Comédie musicale
De : Audrey Estrougo
Durée : 1h30 min 
 
Acteurs principaux :

Leïla Bekhti : Leïla
Benjamin Siksou : Gabriel
Cécile Cassel : Alexandra
Chantal Lauby : Valérie
Marie-Sohna Condé : Tina
Nicolas Briançon : Brice
Djanis Bouzyani : Momo
Renaud Astegiani : Angelo
Martine Gomis : Kaïna
Emir Seghir : Agib
Math Samba : Fidèle
Abel Jafri : Abdellatif


Synopsis

   Gab a une vie rangée : une fiancée, un mariage en préparation, une famille aisée. Leïla ne s’autorise pas à vivre la sienne : des études de droit, un petit frère turbulent, une maman partie trop tôt…

   Alors lorsque Gab renverse le petit frère de Leïla, c’est le choc des mondes et le début d’une grande histoire d’amour qui va se heurter violemment à la réalité.

Tina, la plus proche confidente de Leïla est sans papiers, sous la menace d’une reconduite à la frontière et se fait arrêter. Alors que le monde de Leïla s’effondre, Gab est prêt à tout pour elle, même à s’opposer à son père, préfet de police.

    Et qui a dit que rien n’était impossible tant qu’on a de l’amour ?… 

Cécile Cassel - Benjamin Siksou - Audrey Estrougo


En 2 mots...

   Le cinéma français ne serait-il pas encore prêt pour les comédies musicales ? En tout cas c'est le sentiment que nous laisse le film Toi, moi, les autres... .

   Un scénario sans but et sans profondeur, des chansons vieillottes et mal interprétées.
Même si le désir de la réalisatrice était de faire « parler en chantant » plus que de chanter, l'effet n'aboutit pas créant alors un sentiment de malaise au point que les scènes censées émouvoir le public, déclenchent un éclat de rire général dans la salle.

   Les acteurs essaient de nous embarquer dans ce monde édulcoré mais au final, expriment plus leur gène et leur inconfort face à leurs scènes que les traits de personnalité de leur personnage. 
 
    Seule Chantal Lauby, fidèle à elle même est convaincante et Cécile Cassel plein de charisme.
Des personnages comme Angelo (Renaud Astegiani) font taches et Momo (Djanis Bouzyani) nous rappelle curieusement Justin Suarez (Mark Indelicato) de la série Ugly Betty
 
   Les événement et les allusions politiques maladroites, s'enchainent mais l'histoire s'engouffre et se perd.
Beaucoup d'éléments auraient pu être exploités et rendre le film intéressant mais nous passons au dessus et assistons à une véritable parodie d'une comédie musicale.

   Toi, moi, les autres avait tout pour nous séduire mais il nous laisse... désenchantés... .

Mark Indelicato - Justin Suarez
Djanis Bouzyani - Momo



Pour aller plus loin...

    Toi, moi, les autres est le deuxième long-métrage de Audrey Estrougo, après Regarde moi en 2007 dans lequel nous retrouvons déjà l'actrice Marie-Sohna Condé qui interprète ici le rôle de Tina.

Réticente à l'idée de réaliser une comédie musicale, qu'elle qualifie de « casse gueule », c'est sous la pression des producteurs Marc Missonnier et Olivier Delbosc qu'elle accepta de relever le défi à condition de pouvoir y apporter sa touche personnelle tout en employant et respectant les codes du genre. 
 
Ainsi Audrey Estrougo s'appuie sur un thème qui lui est cher : Les « sans-papiers », autour duquel elle essaie de construire une histoire qui pourrait justifier l'emploi de chansons. 
 
    Au final, le scénario n'a pas de but, l'histoire s'enchaine et se perd... nous ne comprenons pas l'objectif du film. 
 
    Les chansons choisies par la réalisatrice, qui a passé des heures à la médiathèque en écoutant la célèbre radio Nostalgie, sont vieillottes, dépassées et sans impact émotif. La jeune femme a essayé de faire intervenir notre mémoire musicale pour éveiller en nous des souvenirs personnels.... effet totalement raté.

Pour l'anecdote, certaines chansons furent soumises au refus des droits d'utilisation, obligeant Audrey Estrougo à changer ses premiers choix.

    Cette erreur, associée à des acteurs mal à l'aise dû à leur inexpérience en danse et chant, crée une ambiance euphorique ou même les scènes censées être les plus poignantes déclenchent un éclat de rire générale dans la salle. Citons en exemple la scène ou Tina est en prison et pleure derrière les barreaux en tenant la main de sa fille. Une séquence destinée à être le climax émotionnel du film.... et non le déclencheur numéro un de fou rire chez les spectateurs.... .

    Audrey Estrougo a voulu privilégié la sincérité de ses personnages en favorisant plus le « parler -chanter » qu'une interprétation juste de la chanson. Une nouvelle erreur qui coûte cher au film.

    Pour le premier rôle, la réalisatrice a eu le coup de cœur pour l'actrice Leïla Bekhti ; récemment récompensée par le César du meilleur espoir féminin ; en regardant une de ses interviews. Elle l'a alors immédiatement contacté pour lui expliquer le projet.

Leïla Bekhti -César du meilleur espoir féminin 2011

Un projet qui séduit l'actrice tout en lui suscitant quelques doutes par rapport au scénario puisqu'elle n'a jamais vraiment chanté et encore moins dansé. Face à l'engouement et la sincérité de Audrey Estrougo, Leïla accepte et assure toutes ses scènes même si à de multiples reprises elle pensait faire appel à une doublure. 
 
Résultat, la jeune femme est touchante mais son jeu est perturbé par sa gène et son malaise lors des scènes chantées et dansées...

    Même sort pour Benjamin Siksou, découvert dans l'émission « Nouvelle Star » diffusée sur M6 en 2008. Le jeune homme n'est pas à son aise et exprime malgré lui sa timidité et sa maladresse notamment en danse. Il ne cache pas qu'il est avant tout un musicien et que le monde du cinéma est encore pour lui un univers à découvrir et à parcourir.

Pour l'anecdote, lors des répétitions d'une scène de bagarre avec l'acteur Renaud Astegiani (Angelo), Benjamin Siksou (Gabriel) a reçu un vrai « coup de boule ».

Chantal Lauby et Cécile Cassel sauvent le film de ses fausses notes. L'une avec son humour l'autre avec son charisme dont nous retiendrons particulièrement la scène où elle danse pour essayer de retenir Gabriel, lors d'une soirée poker. 

Cécile Cassel - Scène de danse à la soirée Poker
 
Pour l'anecdote, Audrey Estrougo et Cécile Cassel étaient en froid depuis le précèdent film de la réalisatrice Regarde moi, en 2007. Un désaccord sur le scénario de ce film fut à l'origine de la dispute. Mais une grande discussion riche en explications accompagnée d'un rabaissement d'égo a réconcilié les jeunes femmes au point de travailler ensemble.

    Le tournage du film, qui a duré neuf semaines, a nécessité une préparation longue et précise. De nombreux défis étaient à relever comme l'arrangement des musiques choisies, la création des chorégraphies, ou encore la répétition des scènes de chant mais surtout de danse, pour des acteurs inexpérimentés, afin de pouvoir marquer les déplacements et faciliter le travail des cadreurs.

    En revanche les scènes « parlées » furent dans leur majorité improvisées comme le souhaitait Audrey Estrougo afin de maximiser le réalisme des séquences. Avant de tourner, les acteurs lisaient une à deux fois leurs répliques pour en voir l'idée puis se laisser aller dans leur personnage.

    La pauvreté des décors déçoit, surtout pour une comédie musicale.... .
La plus grande partie du tournage eut lieu en extérieur, à Paris. Cependant, la rue où est situé le salon de coiffure de Tina fut construite en studio. La principale difficulté pour le chef décorateur Bertrand Seitz fut de veiller à ce que l'espace soit suffisant pour effectuer les chorégraphies prévues à cet endroit.

    Toi, moi, les autres contient beaucoup de maladresses qui desservent le film, son histoire, son interprétation... qui pourtant avait un vrai potentiel.

    Le scénario se laisse aller au rythme des chansons et des danses, le thème des « sans-papiers » est stéréotypé, traité sans profondeur... comme s'il était la simple justification du quartier choisi pour l'univers de Leïla.
Les allusions politiques font sourire bien que faciles... .

   L'intention y est les couleurs aussi mais les formes, le rythme et l'émotion sont absents... pour ne pas dire muet.... 

 
xXx

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